mercredi 17 décembre 2014

Le silence avait remplacé les baisers, et il me rendait ivre de désespoir. Que fais-tu, où es-tu, avec qui es-tu ? Penses-tu à moi parfois ? Me vois-tu rue de Lévis ? Parce que je te vois partout, je crois t'apercevoir en train de monter dans un taxi, dans le métro. Je sens ton parfum à chaque coin de rue, sur le cou de chaque homme que je croise.

Et puis, il faut se raisonner, accepter que c'est fini. Accepter que ce qui nous reste c'est une existence numérique fadasse, quelques notifications sur instagram pour prouver que tu es toujours vivant et que je suis toujours inspiré, que je continue de vivre malgré le kilo de plomb dans le ventre et malgré les dizaines d'hommes qui me sourient et me courtisent.

Et puis un jour, sans prévenir, un autre a posé ses lèvres sur les miennes, mélangé son souffle au mien, sans que je m'y attende, sans prévenir, si ce n'est la passion qui se consumaient dans ses yeux bleus acier. Alors pendant quelques heures, tu es sorti de ma mémoire, comme si tu n'avais jamais existé, comme si j'avais envoyé aux orties ton souvenir, brûlé nos lettres. Pendant deux heures tu n'existais plus.

Mes lèvres ne sont plus vierges des tiennes, mon coeur a battu pendant quelques brefs instants pour un autre, et je sais que ce n'est que le début. Je sais que tu files entre mes doigts et ton souvenir avec, je sais que tu quittes ma mémoire, mes bras. Cela me désole, mais c'est mieux ainsi.

mardi 28 octobre 2014

Who are we

"Je ne sais pas, je ne sais plus."

Il me faisait face, assis sur mon lit. Il n'a même pas pris la peine de retirer son manteau, mon regard s'est perdu dans son pull menthe à l'eau. J'avais envie d'être partout sauf ici, sauf d'être là maintenant tout de suite. Je voulais remonter le temps, à ce jour de juillet où je lui ai dit que nous étions un si joli couple.

Les pensées se bousculent dans ma tête, j'imagine évidemment qu'il en a rencontré un autre, plus brillant, plus téméraire, plus fougueux que moi. Un autre qui aurait les yeux noirs, les cils longs et la peau baignée de soleil, et que mon teint pâle des gens du nord ne suffit déjà plus. Que je suis déjà du passé, plié, trié, classé, jeté, ou un lointain et plaisant souvenir.
Il parle, j'écoute, je ne comprends pas, je n'acquièsce pas.

Mais il s'est passé quoi entre ce dimanche après midi inondé de lumière, des rues du dix huitième arrondissement, de notre petit déjeuner tardif, des baisers au goût de café et nos cernes des nuits trop courtes. Il reste quoi de nos peaux l'une contre l'autre, de nos langues qui se mêlent, tout file, tout fuit et je me sens dépossédé d'un futur qui n'est déjà plus le mien. On me vole nos promesses silencieuses, on me les arrache des mains.

Je veux bien t'aimer plus, parce qu'un jour peut être c'est moi qui t'aimerait moins.

mercredi 23 avril 2014

HIT THE ROAD JACK

Les routes sinueuses de l'Est n'ont jamais été aussi enivrantes. La lumière est tellement belle qu'on se croirait dans un clip de Woodkid. Au volant de la vieille Alpha de Nicolas, les paysages défilent si vite que j'en ai la tête qui tourne. Il me dit d'écraser l'accélérateur et me voilà à cent quarante kilomètres heures. Je fonce tête baissée dans le premier virage qui s'offre à moi. Les roues décollent légèrement, le moteur rugit, l'odeur de l'essence me pique le nez.
Pendant trois secondes avec ma chemise en jean, et mes clubmasters vissées sur le nez, je me sens comme un Jack Kerouac. Je voudrais fumer des roulées, écrire un roman passionné, danser jusqu'à en avoir mal aux pieds sur un jazz tonique et exalté.

Et lorsque mon père me dépose au pied de mon immeuble haussmannien, la magie s'est rompue. Paris et son lot de déceptions m'enveloppent de nouveau d'interrogations, de doutes. Les ombres des garçons aux beautés cruelles dansent sur les murs, ma bouche a un goût de sang. Je danse pieds nus sur le parquet sur le son d'une trompette virulente, je me plante une agrafe dans le pied.
Paris ne veut plus de moi depuis longtemps, mais refuse de me le dire.
Il faut que je parte. Il faut que je parte. Il faut que je parte.

Si je le dis trois fois, peut être que mon souhait se réalisera.

mardi 25 mars 2014

SOLANGE

Cette fois, c'est la der des der, la dernière de tes guerres, ton dernier hiver, tes dernières neiges. Tout à un goût de fin, même cette crêpe au rhum que je n'arrive pas à apprécier. Mes yeux se noient dans mes larmes, ils boivent la tasse et je n'arrive pas à boire mon thé tant j'ai la gorge serrée.

Je te regarde, Solange, sur le bout de ta chaise, je regarde tes cheveux gris, je plonge mes yeux dans ton regard noir, absent. Je me retrouve dans ton visage, dans ton nez, ta bouche. Je te ressemble tellement, et jusque dans tes imperfections.
Et je me fais violence pour être plus fort, fort pour nous deux, à ne pas exploser en sanglots et exposer aux inconnus tout ma peine. Je les ravale par fierté et je sens les fissures se propager sous ma peau comme une vitre que l'on brise.

Je te redresse, tu m'attrapes la main avec une force qui m'étonne. Je contemple tes doigts noueux, je t'embrasse sur la joue, je te dis à bientôt mais je n'y crois pas. Je traverse le hall sans jamais me retourner, pas une fois.

Cette fois, c'est la der des der, il n'y aurait plus d'été dans les alpes, il n'y aurait plus de gigot le dimanche midi, personne pour s'inquiéter de savoir si j'ai froid, plus de chocolat noir au petit déjeuner et de camomille à dix sept heures, plus cette odeur de cologne chyprée dans la salle de bain ou l'odeur du savon de marseille dans la cuisine. Je ne pourrais plus aller à Chartres sans te voir dans les champs de Colza, je détesterai toujours autant la neige et je la détesterai pour toi, personne pour m'apprendre à recoudre un bouton, désapprouver mon alimentation, me faire réciter mes leçons, râler quand je parle allemand ou au contraire s'enchanter de mon anglais.

Il n'y a plus personne avenue de la résistance, et ça tu vois, ce silence et ce vide, j'ai beau faire semblant et me forcer, je n'arrive pas à m'y faire.

dimanche 16 février 2014

LES PETITS PAPIERS


Avril 2013.

Et les souvenirs assourdissants de ce cris qui n'ont pas eu lieu, résonnent dans ma tête avec un écho hypnotique et inquiétant. Je pourrais en passer des heures assis dans le noir à répéter en boucle chacun des mots que nous nous sommes dit, et je repasserai au crible toutes ses expressions pour trouver où est l'erreur, la faille.
J'en compterai des minutes, celles qui me séparent de son dernier éclat de voix, de sa dernière carresse.
Le compte me parait irrémédiablement long, chaque jour un peu plus, et je blâme l'implacabilité du destin. Je me rassurerai en rêvant de jours plus ensoleillés et plus légers, mais nous savons bien qu'ils seront rares et imprévisibles.

Alors, quitte à se noyer, autant que cela soit dans une bulle d'espoir, accrochée au dessus de ta lèvre supérieure, celle que tu tordais parfois d'envie lorsque tu apercevais mon visage. Aussi maigre soit-elle, elle me plonge dans des états contraires et violents tant la peur de ta disparitions soit grande.
J'aimerais me rendre ivre du silence et détruire les murs, cours jusqu'à chez toi et oublier que tout ceci n'est jamais eu lieu.

***

Que reste-t-il de mes amours ? De ces garçons aux sourires hypnotiques ? Quelques souvenirs qui s'entassent ci et là. L'odeur d'une peau chauffée au soleil sur une plage au bord de la Méditerranée. L'odeur du pain grillé, le matin dans la cuisine, inondée de lumière. Quelques caresses parfois un peu rugueuses, le gout du café des premiers baisers. Quelques cris aussi et parfois de la vaisselle brisée.

Je me souviens avec une exactitude relative de ces hommes qui ont peuplé mes pensées, nourri mes espoirs et mes passions autant que mes peines.
Le temps file avec une vitesse incroyable et grandit avec lui le sentiment que nous ne pouvons rien empêcher.

mercredi 6 novembre 2013

CHIMERES

De Paris à Londres, chaque traversée me parait être une bataille napoléonienne. En bon général, je passe en revue les troupes en faisant claquer le talon de mes chaussures sur le sol en marbre d'Italie.
L'espace d'un instant, on oublierait presque que je n'ai que vingt cinq ans et que je ne sais rien.
Mais ça, tout le monde l'a déjà oublié, sauf moi.

Tout cela n'a de toutes façons pas vraiment de sens, et que le beau pour lequel je travaille n'est toujours qu'éphémère. Je me surprends à rêver que les odeurs que nous créons trouveront refuge à des nuques ou des poignets que j'aurai voulu embrasser.
Je créé pour un garçon qui n'existe pas, j'imagine ses réactions devant les bois, les muscs que je dirige, orchestre.

Et malgré ma démarche hâtive, mon accent britannique et froid, et mon regard déterminé, je n'en reste pas moins un grand romantique qui attend le jour où ce garçon que j'ai tant imaginé frappe à ma porte.

samedi 17 août 2013

601


A serie of unrelated events brought me at the door of the room 601, the 21st of December. I wasn’t expected, and i didn’t expect to be here, almost in the middle of the night. These past years, I crossed many corridors, halls, places with marble on the floor and shimmering gold on the walls, and I always had this shivering feeling that, someway, all this beauty will reflect on me.

There was, this time, no gold, no marble, no echo of my shoes beating up the floor, just the sickening and dizzy smell of chlorine, a passed-greenish linoleum, marked by time and people. I knocked on the door and heard a very light groan for answer. He was there, lying in his unclean sheets, pale as death, the eyes clear as water. He looked at me for at least ten seconds that seemed to last an eternity, like he was trying to put a name on my face, trying to reconnect who I was. He didn’t succeed, maybe he tried to apologize but didn’t say words that made sense. The man was now an empty shell of the being he used to be.

Somehow, I thought a part of me died this day, something that would never come back and as I was trying to hide my tears when I left the hospital, I thought that the Mayas were right. Something happened today, the world as if I knew it, would never be the same.